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le surmenage des médecins

4 mars 2009

surmenageLe médecin généraliste a vu son statut de « fantassin de première ligne » du système de soins s’effondrer sous la déferlante des spécialités, pour se retrouver relégué au rang d’acteur de second plan d’un système de santé qui n’en finit pas de se chercher depuis l’indépendance.
Ce changement brutal de statut a réduit le rôle de l’omnipraticien à une véritable « peau de chagrin » et plongé la profession dans un véritable désarroi !
Aujourd’hui le médecin généraliste « navigue à vue » tant les difficultés de l’exercice de la profession sont nombreuses :
Grande solitude du médecin généraliste dans l’exercice de sa profession,
Dépréciation de l’apport considérable de la médecine générale à la santé du citoyen et  non reconnaissance des services rendus à la population,
Investissement du champ d’action de la Médecine générale, au mépris de toutes les lois, par de nombreux intervenants : pharmaciens, spécialistes, paramédicaux, charlatans, entraînant une dévalorisation des actes de médecine générale
Cette situation a pour conséquences :
la baisse des revenus des médecins généralistes et la dégradation de leur condition sociale, sources de démotivation et de comportements désespérés,
un désintérêt grandissant de la part des jeunes médecins pour la profession,
une hausse des fermetures  de cabinets
C’est dire que la situation est préoccupante !
Cette  situation est paradoxale dans un pays où tous les indicateurs sanitaires sont au rouge et où le nombre de médecins rapporté au nombre d’habitants est encore loin de satisfaire aux normes internationales. Elle est d’autant plus incompréhensible que l’Etat marocain a consenti de gros efforts en matière de formation des médecins généralistes en vue d’assurer une couverture sanitaire à l’ensemble de la population.
Les médecins généralistes pour leur part, auront également consentis de gros efforts en matière de formation continue (DU d’échographie, de diabétologie, sénologie, nutrition, etc.) et d’équipement (un cabinet sur 3 propose un échographe).

Mais, tout porte à croire que la politique sanitaire du pays n’a pas encore trouvé le moyen d’intégrer tous les intervenants présents sur le terrain et en premier lieu, les plus accessibles et les plus efficaces, les médecins généralistes.

Avec l’avènement de l’assurance maladie obligatoire (AMO) et la mise en place  de l’agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) comme régulateur du système de soins, nous avions l’espoir que les décideurs allaient enfin se pencher sérieusement sur le volet économique du système de santé et que le secteur allait être  réorganisé. Nous devions vite déchanter, car  l’ambulatoire en général et la médecine générale en particulier ne bénéficieront en rien de l’avènement de l’AMO. Pire, les négociations « tarifaires »’ qui ont eu lieu entre les représentants des médecins et les gestionnaires auront consacré  le principe de « l’infériorité » de la médecine générale et de son prétendu  faible «service rendu ».
En effet, les remboursement des actes de médecine générale sont dérisoires voire INSULTANTS à tous les points de vue (la valeur du C généraliste est fixée à mi-hauteur du Cs).
Les permanences de soins deviennent une obligation dont la corvée revient aux seuls généralistes. Certains actes faits par les généralistes ne sont pas remboursés sous prétexte qu’ils n’ont pas le droit de les pratiquer.
La formation médicale continue des généralistes n’obéit plus à aucune règle. Elle est en grande partie organisée par l’industrie pharmaceutique qui la finance et qui en fixe les règles.

Le médecin généraliste est l’acteur de santé de « première ligne », comme accès au système de soins, mais beaucoup d’omnipraticiens pratiquent de la  deuxième ou troisième ligne, quand les patients leur reviennent avec un suivi et même de la dernière ligne  avec les soins palliatifs…c’est dire la complexité et les spécificités de la profession !

Les problèmes liés à l’exercice de notre profession sont légion et les solutions ne peuvent être revendiquées que par les généralistes eux-mêmes, regroupés au sein d’une corporation spécifique.
La création d’une instance nationale  pour défendre les spécificités de la profession s’imposait.
Le Syndicat Nationale de Médecine Générale (SNMG) vit ainsi le jour le 15 décembre 2007.
Ses  revendications sont :
La défense de la place du médecin généraliste dans le système national de soins,
La revalorisation des actes de médecine générale reconnus (C, V, VN) et celle  d’autres actes non reconnus,
L’accès du médecin généraliste à une formation médicale continue adaptée et gratuite ?
Le droit à une couverture médicale et à une retraite.

Madame la Ministre, votre initiative d’organiser un colloque national de la santé en vue de définir une vision et une stratégie pour mettre en place un système de soins efficient, à travers l’implication de tous les acteurs de santé, est fort louable. Elle nous aura permis de participer activement à la réflexion et à la proposition de recommandations, notamment celles concernant la place que doit occuper le médecin généraliste dans le dispositif sanitaire, ainsi que les voies de partenariat en vue d’assurer des soins de proximité aux populations, via un  parcours de soins efficient.
Conscient des efforts réformistes et novateurs que votre département déploie, sur vos initiatives courageuses, le corps des médecins généralistes libéraux tient à vous assurer de son soutien, notamment en matière de choix d’un système national de soins à la hauteur des aspirations du Maroc moderne et répondant aux  besoins sans cesse croissants d’une population aux ressources limitées.